Crash de l’avion de parachutistes de Temploux

Lettre ouverte à Sudinfo – Avis de recherche: Perdu respect et dignité

Lettre ouverte de Michaël Dinant (Source)

Messieurs les colporteurs de ragots,

Messieurs les vautours,

Veuillez m’excuser de me refuser à employer le terme de « journalistes », mais ce dernier ne sied qu’aux véritables professionnels de l’information, s’il en reste encore en ce triste monde.

Je me suis longtemps refusé à perdre mon temps dans une vaine tentative de ramener à la raison des brebis égarées depuis longtemps, corrompues au dernier degré qu’elles l’étaient par le seul profit et dès lors peu regardantes au risque de gangréner un peu plus un public déjà fort atteint, et ce malgré une succession de « UNE » plus racoleuses les unes que les autres depuis maintenant des années.

Votre attentat de ce 21 octobre ne pouvait cependant rester sans réaction, ne serait-ce que par respect pour les victimes de l’accident d’avion de ce samedi ainsi que pour leurs proches (là où vous en manquez cruellement il fallait bien que quelqu’un en ait pour deux, voire pour cent si l’on vise l’équilibre), et par volonté de justice, un terme que vous utilisez semble-t-il bien volontiers sans pour autant en maîtriser le sens ou la portée. La véritable justice voudrait ainsi que votre désinformation perpétuelle, vos insultes à la morale, votre manque profond de respect et vos crachats au visage ne restent pas impunis. Car du tort vous en causez chaque jour à quelqu’un et, que vous le vouliez ou non, votre liberté s’arrête bel et bien là où commence celle des autres. Que la lapidation publique ne soit pas une peine prononcée en notre beau pays ne rend pas vos écarts plus acceptables.

J’ai parfaitement conscience qu’il vous était devenu bien difficile de rivaliser avec vos concurrents, ces derniers ayant déjà publié un grand nombre d’informations non vérifiées (qui se sont évidemment rapidement et pour bon nombre révélées totalement fausses), s’étant même pour certains lancés dans une folle tentative de rendre les évènements comme s’ils y avaient été et comme s’ils pouvaient savoir ce qu’avaient pu vivre et ressentir les victimes de ce tragique accident. Je dois reconnaître que vous y êtes cependant parvenus, d’aucuns (mais uniquement parmi vos pairs) pourraient même parler d’une franche réussite, en retirez-vous un sentiment de fierté et de sens du devoir accompli ? C’est tout ce que l’on peut vous souhaiter, là où la honte devrait vous amener au bord du précipice de votre bêtise et vous pousser à vous y lancer, sans parachute…

Pensez-vous pouvoir encore longtemps vous retrancher derrière la liberté d’expression et la liberté de presse sans en faire la plaie de ce siècle et le premier véritable fléau à combattre juste après le cancer et la guerre? Vous seriez-vous fixé pour objectif de devenir une arme d’abrutissement des masses tels que l’on en voit aux Etats-Unis ? Est-ce là un exemple que vous estimez et que vous souhaitez suivre ? A force d’animer l’ire populaire, il est à craindre qu’elle se retourne un jour contre vous. Et soyez certains que le jour où l’un d’entre vous sera victime d’un accident, agonisant au sol, il y aura quelqu’un pour se contenter de le prendre en photo et en faire profiter les foules. Foules que VOUS aurez rendues avides de sensationnel glauque. Ce jour-là, la vision d’un logo « sudinfo » risquerait même d’en amener certains à se contenter de poursuivre leur route, peut-être après vous avoir à leur tour craché au visage, la rancune étant parfois aussi tenace qu’un journaliste.

Il n’y a pas de mots pour qualifier ce que vous avez fait en publiant de telles « informations » et de telles photographies, vous avez tout simplement choisi de perdre ce qu’il vous restait d’humanité, ni plus, ni moins. Libre à vous de tenter de vous convaincre du contraire puisque vous êtes visiblement habitués à choisir la facilité (et ne me dites pas qu’il ne vous est pas facile de vous exposer à la colère du public, vous n’en n’avez cure). A la limite cela n’aurait regardé que vous, pour peu de ne pas en entraîner d’autres en leur infligeant cela.

C’est aussi à cause de personnes telles que vous qu’il devient de plus en plus difficile pour le monde de reconnaître la réelle valeur d’une vie et, surtout, de se dire qu’une vie en vaut une autre. Le monde est tel qu’on le rêve et le transforme, est-ce d’un monde où chacun agirait comme vous venez de le faire dont vous rêvez? Très bien, le voici: Soyez convaincus que nombreux sont ceux qui souhaiteraient pouvoir d’un coup de baguette magique échanger la place d’une des victimes dans cet avion pour plutôt y mettre quelqu’un de moins… digne, quelque être misérable n’apportant pas grand chose de bon à ce monde. Attendez, j’essaye… Abracadabra !

Vous lisez toujours ce courriel ? Alors, perdu…

Mais perdus, c’est vous qui l’êtes.

A eux le ciel, à vous la terre et sa misère.